Office Togolais des Recettes (OTR), Autorité de Régulation de la Commande publique (ARCOP), Télévision Togolise (TVT), etc. De grands noms, de grandes institutions qui jouent un rôle clé dans le fonctionnement de la République mais qui sont dirigées depuis plusieurs années par des intérimaires. Cette situation qui, loin d’être anecdotique, pose de sérieux problèmes de gouvernance et d’efficacité administrative qui peuvent menacer la stabilité institutionnelle que veut insuffler la 5e République au Togo.
Le Togo a franchi un cap historique avec l’avènement de la Vème République, marquant une nouvelle ère institutionnelle porteuse d’espoirs de modernisation administrative. Cependant, un défi majeur persiste et menace l’efficacité de cette transformation : la prolifération des directions générales intérimaires au sein des structures publiques et parapubliques du pays.
L’Office Togolais des Recettes (OTR), pilier de la mobilisation des ressources fiscales du pays, illustre parfaitement cette problématique. Depuis février 2019, Philippe Kokou Tchodiè occupe le poste de Commissaire général par intérim, succédant à Kodjo Adedze devenu ministre du Commerce à l’époque. Plus de 5 ans plus tard, cette situation d’intérim perdure, soulevant des interrogations légitimes sur la stabilité de la gouvernance de cette institution cruciale au pays. Un intérim tellement long qu’entre-temps l’office ne mettait plus le mot « par intérim » sur les communiqués signé du Commissaire Général par intérim.
L’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARCOP), anciennement ARMP, n’échappe pas à cette tendance. Bien qu’Aftar Touré Morou ait été nommé directeur général en février 2019 avec un profil remarquable d’énarque et d’expert en finances publiques, la question de la pérennisation des nominations reste posée pour l’ensemble du secteur.
Au District Autonome du Grand Lomé (DAGL), Tagba Ataféyinam TCHALIM occupe toujours le poste de Secrétaire général par intérim, illustrant encore cette problématique qui touche différents échelons de l’administration.
La Télévision Togolaise (TVT) présente un cas similaire avec Joseph Amégan, nommé Directeur général par intérim en octobre 2023 après avoir servi fidèlement l’institution pendant de nombreuses années et avoir été récompensé pour ses compétences en gestion de programmes télévisés.
La gestion intérimaire prolongée des institutions publiques soulève plusieurs préoccupations majeures. Un responsable intérimaire, par définition, ne dispose pas de la plénitude de ses pouvoirs. Cette limitation peut entraver la prise de décisions stratégiques, compromettre les réformes nécessaires et créer une forme d’instabilité institutionnelle.
L’impératif d’une action corrective
La Vème République togolaise représente une opportunité unique de moderniser et d’harmoniser le fonctionnement des structures publiques et parapubliques. Pour que cette transformation soit effective, il est indispensable que les responsables des institutions disposent de la légitimité et de l’autorité nécessaires pour conduire les réformes.
Les nominations définitives ne constituent pas seulement un enjeu administratif, mais également un gage de stabilité et d’efficacité pour les politiques publiques. Les partenaires techniques et financiers, les agents de ces institutions et les citoyens ont besoin de repères clairs et durables.
L’heure est donc venue de régulariser ces situations d’intérim qui s’éternisent. Cette démarche s’inscrit pleinement dans l’esprit de renouveau institutionnel de la Vème République. Elle permettrait de doter le pays d’une administration plus stable, plus efficace et mieux armée pour relever les défis du développement.
La modernisation administrative du Togo passe nécessairement par la clarification des responsabilités et la stabilisation des équipes dirigeantes. C’est un prérequis indispensable pour que les institutions publiques et parapubliques puissent pleinement jouer leur rôle dans la construction du nouveau Togo.
L’avènement de la Vème République offre le cadre idéal pour corriger ces dysfonctionnements et poser les bases d’une gouvernance publique renforcée, condition sine qua non du succès des ambitions de développement du pays.
La Rédaction